L’archipel de Kerkennah présente un écosystème constitué d’organismes vivants qui interagissent avec leur milieu naturel. Les traditions de pêche qui prennent des formes variées expriment cette interaction. En effet, sur ce littoral étendu ponctué par ses petites coupoles blanches des saints populaires, les communautés locales ont développé une gamme de procédés techniques traduisant des savoir-faire ancestraux.
Les techniques, les objets et les outils qui s’y rattachent, s’insèrent dans l’environnement local auquel ils appartiennent comme en témoigne leur matériau de fabrication basé sur l’alfa et le palmier dattier, arbre béni marquant le paysage kerkennien.
Loin de se réduire à ses aspects techniques et ses fonctions utilitaires, la pêche artisanale est une activité qui intègre plusieurs valeurs sociales et symboliques et renvoi à un monde invisible, d’où le recours aux mausolées (Zaouia) pour vénérer les saints protecteurs de l’archipel et détenteurs de la baraka de la mer.
Aujourd’hui plus qu’avant, et consciente de la valeur patrimoniale de la pêche artisanale, la communauté détentrice considère cette activité comme l’expression de leur identité culturelle collective, au point qu’elle génère des pratiques culturelles à caractère normatif, fondées sur l’harmonie entre l’homme et la nature, et sur le respect de l’équilibre écologique sur terre comme sur mer, assurant de la sorte la durabilité des ressources halieutiques dans un environnement marin sain et viable.