Ksar Beni Barka ou Ksar Béni Barka est situé dans Djebel Abiadh une butte d’altitude dépassant 500m, gouvernorat de Tataouine
Description du Gasr:
Echelle macro:
Le Gasr est localisé à 5 km au sud–Est de Tataouine. Il est situé sur une imposante hauteur du Djebel Abiadh, une butte d’altitude dépassant 500m qui donne au Gasr son caractère défensif et imprenable, d’où il est possible de contrôler toute la vallée de Oued Zoundag.
Cette montagne ’’relève d’une structure tabulaire ou « cuesta » caractéristique des séries de roches sédimentaires d’inégale résistance, roches dures et tendres, légèrement inclinées’’
Echelle micro:
Il est de forme ovale épousant le sommeil de la montagne. De l’extérieur, son aspect massif et sa couleur se confondent avec son environnement, se qui contribue a ses qualités défensives.
Il s'agit d'un ensemble de cellules d'engrangements, ghorfas, voûtées, (400 d’après Zaid; 750 d’après Laroussi), empilées les unes sur les autres sur trois ou quatre niveaux autour de trois blocs centraux.
Ces derniers sont en fait une extension pour le stockage supplémentaire.


Fonction du Gasr:
Les fonctions du Gasr sont essentiellement le stockage et l’emmagasinage des provisions et des marchandises, les plus importants étaient les céréales, les figues séchées, les dattes, les olives et huiles d’olives, des objets et des produits de valeurs, défense et habitation en cas de besoin, les réunions concernant les différentes affaires sociales et économiques…
Valeur historique:
Bien que le Gasr de Béni Barka est l’un des plus ancien et des plus grands de la région, on ne peut dater avec précision son apparition. L’historiographie et l’Epigraphie sont muettes sur cette question. Le seul témoignage nous a été livré lors du dégagement du remblai, il s’agit des fragments de céramique, des restes d’objets archéologiques datant de l’époque moderne.


Toutefois, ce Gasr appartient à des familles d’origine berbère les Zenète. Peut-on donc attribuer la construction de ce Gasr à des époques très anciennes, d’autant plus que l’ancienneté des ksour est attestée par les historiens.
Diodore de Sicile rapporte que les chefs des Libyens ne résident pas dans les villes: mais ils y ont des tours près des lieux ou il y a de l’eau et ils y déposent ce que, dans leur butin, ils mettent en réserve’’.
Ces données littéraires affirmées par des historiens modernes. D’après Mrabit (2004, p.58) ’’Les Berbères ensilaient leurs récoltes et les stockaient dans des constructions réservées à cet effet’’. Selon Jean Despois ’’les greniers fortifiés auraient caractérisé et caractériseraient encore en partie cette vieille civilisation rurale berbère au même titre que ce mode d’aménagement des versants par la culture en terrasses’’. H. Popp et A. Kassah affirment que ’’l’argument architectural atteste de l’ancienneté de ces constructions et de la diversité des origines’’, la porte unique et les cellules qui ouvrent sur la cour centrale et qui s’apparentent avec les Khans ou caravansérails, les foundouks et les ribats. (2010, p. 49).
Valeurs artistiques:
Gasr est très riche de décorations des voûtes. En effet, on y trouve des graffitis, des textes, des figures géométriques, la marque des mains, des pieds, le symbole engravé d’une étoile de David, des épées … bref des ornementations qui reflètent le vécu de la population.




Valeurs architecturales:
Le Gasr est un ensemble assez modeste se composant d’une entrée à vestibule, d’une mosquée, d’un lieu de culte juif et de plusieurs ghorfas voutés et richement décorés et des huileries.
La Skifa (Vestibule):
la seule entrée du ksar qui se situe du coté sud camouflée pour des raisons de sécurité. Il s’agit d’un passage abrité ayant, d’origine, une porte en bois qui ferme à clef. On y trouve des bancs en bois de deux cotés pour s’asseoir et pour les assemblées ayants-droits. A gauche de l’entrée plus en haut se trouve la case du Gardien.
La Tour cylindrique:
Située à gauche de l’entrée, juste après la Skifa. Elle est dotée de deux portes et des petites ouvertures.

Les Ghorfa:
C’est l’unité de base dans le Gasr. Il s’agit de cellules, de pièces ayant la forme d’un demi-cylindre clos du coté extérieur et muni d’une porte ouvrant sur la cour. Une ghorfa a 4 à 5 de profondeur et environ 2 m de hauteur et de largeur.
Les pièces sont jointives latéralement et superposent verticalement. Ainsi, de l’extérieur la superposition des ghorfas donne lieu à un mur compact parfois avec des ouvertures.Deux ghorfa voisines peuvent être communicantes si elle appartient à un même propriétaire. Les plafonds des ghorfas portent le plus souvent des inscriptions et des décorations.
Type des Ghorfa:
Plusieurs types de Ghorfa (cf H. Popp, 2010, pp. 83-84):
- des Ghorfa avec arcades transversales (goussia) des deux cotés ou d’un seul coté.
- des Ghorfa avec Sedda (Mezzanine)
- des Ghorfa avec Khannaba: espace entre les voutes aménagée en forme d’abri pour cacher produits et objets de valeur.
- des Ghorfa simples équipé d’un mur bas de 50 à 70 cm pour séparer les stocks de provision.

Les lieux de culte:
La Mosquée: Elle se situe dans le coin sud - est. Il s’agit d’une salle de prière de forme presque rectangulaire: deux nefs et deux travées et un mihrab et une autre salle moins spacieuse, c’est la chambre de l’Imam.

Lieu de culte juif: Il s’agit de plusieurs Ghorfas communicantes de forme rectangulaire qui se situent au nord ouest du Gasr dont on a trouvé un manuscrit juif lors du dégagement des remblais. Le plafond en voute décoré de l’étoile de David.
II- Diagnostic de l’état de conservation du Gasr
Pour évaluer l’état physique de ce monument et détecter les différentes altérations et dégradations attaquant les structures, on s’est basé sur la documentation graphique, photographique et l’observation oculaire qui ont montré des phénomènes liés aux facteurs suivants:
Facteurs environnementaux:
- Climat aride, écart de température 30°
- vent très sec, altitude défavorable.
- Précipitation pluviale torrentielle (m-a 150-200mm)
Facteurs anthropiques:
- Actes de Vandalismes: vol de bois d’oliviers et de palmier( Sannour).
- Utilisation inadéquate des ghorfa.
- Désertification du Gasr.
- Absence d’entretien permanent.
- Humidité élevée due à l’écroulement des ghorfa et l’entassement des
Structures et l’absence de drainage.
- Insensibilisation vis-à-vis du patrimoine
III. Programme d’intervention:
- Nettoyage et restauration du chemin menant au ksar.
- Dégagement des remblais pour faciliter l’accès.
- La restauration et la consolidation du vestibule.
- Remplissage des vides à l’intérieur du plate forme du ksar.
- Restauration de Sentiers.
- Nettoyage des ghorfas du Gasr, tri des moellons utiles et dégagement des remblais.
- Consolidation des parties endommagées avec des échafaudages et traitement des fissures avec le mortier de plâtre traditionnel et de petites pierres.
- Restauration des parties démolies des voûtes des ghorfas.
- Décapage de l’enduit extérieur des voûtes (Tbardic).
- Réfection de l’enduit extérieur des voûtes.
- Décapage de l’enduit intérieur des ghorfas soigneusement afin de garder les éventuelles décorations.
- Réfection de l’enduit extérieur avec un mortier à base de chaux.
- Faire une couche en hérisson et de béton de chaux pour le sol des ghorfas.
- Façonnage et pose de portes traditionnelles en bois de palmier selon le modèle traditionnel existant.
III. Phase d’intervention:
La Restauration du chemin menant au Gasr

Avant intervention

Après intervention
La restauration et la consolidation du vestibule

Avant Intervention

Après intervention
Remplissage des vides à l’intérieur de la plate forme du Gasr :
Restauration du sentier
L’aménagement des ruelles


Dégagement des remblais
Drainage en pente
Remplissage des vides à l’intérieur de la construction



Avant intervention
Après intervention
Conclusion:
Ainsi donc la conservation-restauration de ce monument est un acte culturel qui va bien au-delà d’une intervention commune. Elle appelle une compréhension spécifique et globale, à la fois de l’archéologie, de l’histoire, de l’architecture du monument, de ses décors et de son usage. Aussi, nous pensons que cette opération de restauration bien qu’elle a répondue aux besoins techniques spécifiques n’ait pas, pour autant, perturber la lecture du témoignage que le monument porte. Qu’il s’agit maintenant d’exploiter et de promouvoir dans le cadre d’un riche programme de valorisation du territoire et de développement touristique à l’adresse de la population locale, des spécialistes des sciences de l’art et de la recherche et de tous ceux avides de découvertes des secrets des civilisations.
Grâce aux nombreux travaux d’exploration, de restauration et de remise à niveau entrepris depuis déjà de nombreuses années par l’Inp, il devint aujourd’hui possible d’offrir aux visiteurs toute une gamme de produits qui retient leur curiosité, d’autant plus que ses investissements sont suivis d’action de Marketing conséquente que, d’ailleurs le Ministère et les professionnels du tourisme se déploient à mettre en œuvre. Effectivement ces gsour ont été exploité et intégré dans un circuit culturel en attirant des visiteurs et activant d’autres secteurs et offrant davantage de nombreuses opportunités d’emploi pour les moins instruits comme aux diplômés, valorisant ainsi le territoire de la région.
Des ouvriers et un conservateur du patrimoine et un chercheur ont été recruté, en plus de la formation d’un savoir faire de restauration et de préservation des techniques et matériaux de construction traditionnelle, Par ailleurs, ce patrimoine s’est approprié par la population vu les retombés financières directes et indirectes grâce aux produits en rapport avec le site et le terroir, production du plâtre traditionnel, produits de carrière…, d’où sa sauvegarde et sa protection
La conservation-restauration des sites du patrimoine n’est donc pas qu’une question architecturale, mais aussi une question de valeur sociale. Elle vise ainsi à faire connaître le patrimoine auprès de la population locale, à favoriser son éducation, notamment sur la façon de protéger les sites, à stimuler le tourisme dans une perspective de développement économique, mais également culturel et social. Le développement des sites du patrimoine se définit donc à l’intérieur des dimensions économiques, environnementales et socioculturelles.